vendredi 9 février 2007

MARC B, POLITOLOGUE ET DEMOGRAPHE NOUS LIVRE UNE ANALYSE HORS DES SENTIERS BATTUS…

MARC B, POLITOLOGUE ET DEMOGRAPHE NOUS LIVRE UNE ANALYSE HORS DES SENTIERS BATTUS…

Nous avons vraiment hésité avant de faire paraître cette « contribution » indépendante, émanant de surcroît de quelqu’un très éloigné de nos idées. Cependant, nous ne pouvions pas faire autrement pour trois raisons. Etre fidèles à notre engagement de droiture, ne pas passer sous silence un texte aussi intéressant et surtout rester décapant en ouvrant notre site à des contributions extérieures devenues majoritaires. Profitez-en, c’est original, décoiffant et vrai sur bien des points.

« Etant donné mes domaines de prédilection, je ne pouvais pas ne pas me passionner pour la Sociologie, petite sœur des études politiques. Je ne vous écris pas pour concentrer mon sujet sur Alain Soral, que j’apprécie, mais pour vous livrer une analyse que je pense juste et à laquelle je suis bien certain que vous n’aviez pas pensé. Je vais tenter de synthétiser afin de ne pas faire trop long, et de tout façon l’exhaustivité n’a pas sa place dans l’étude politico-sociologique d’une élection aussi dense que la Présidentielle.

Autant vous le dire de suite, quand on m’a parlé de votre site internet, je me suis dit trois hypothèses : Des archéo-fascistes aigris, des jeunes nihilistes en quête d’une pureté qu’ils ne trouveront jamais ou plus simplement une bande de joyeux drilles, voire une équipe de gamins boutonneux du militantisme. Or, très curieusement, rien de tout cela. Déjà le graphisme du site est douteux. Immédiatement ça ôte une explication que j’avais déjà écartée, celle d’une manipulation politique, car non seulement il faut de la subtilité tératologique pour opter pour cette ultime pointe de provocation, (ce que n’ont pas les séides libéraux et socialistes), mais encore s’accompagnerait-elle de quelques moyens financiers (notamment), permettant une plus grande richesse du contenant pour attirer le chaland. Paradoxalement, l’amateurisme du site dans sa forme le rend crédible. On sent les militants sans réels moyens et ayant fabriqué cela à la va vite. Par contre le contenu est riche, son éventail est large, ses qualités vastes, et le tout donne une image de sérieux et de crédibilité peu commune dans ce genre d’exercice. Tout cela pour vous dire que je vous ai intégralement lu, et que si je vous écris, c’est pour vous livrer mon humble analyse de la situation politique préélectorale, analyse qui vous surprendra dans ses causes mais qui pourra vous réjouir dans ses conséquences, à condition que j’aie vu juste.

Je connais bien Alain Soral, qui est un homme attachant, avec un vécu, une histoire personnelle, fin sociologue donc observateur averti du monde contemporain, à la culture générale et historique solide. Il est simplement dommage qu’il ait de si piètres conclusions politiques, (du moins dans leur finalité), et des réflexions philosophiques carrément approximatives.

Venons-en aux faits. Alain Soral, pour résumé, affirme que la « Patrie est en danger » et que Le Pen est « Le nouveau De Gaulle ». Je tire le trait mais c’est ainsi, et il sera facile pour vos lecteurs de se référer aux articles dudit Soral. Mieux, Soral affirme que De gaulle était un Maurrassien converti aux valeurs sociales (la participation), et que Chavez est un marxiste converti aux valeurs Nationales. Soit. C’est beau comme l’antique. On dirait du Catéchisme Historique, du Romantisme Révolutionnaire, de la Mystique électorale ou de la Chevalerie Politique, voire un peu tout ça mélangé tant cela relève du domaine du rêve psychanalytique.
Chez Soral, c’est un peu comme dans un livre ouvert, on peut finalement tout y voir. Ce mélange de Marxisme intégriste, de libertarisme tantrique et d’idéologie républicaine que n’aurait pas renié un Robespierre, tout cela, y compris le côté enraciné grâce à la pratique de la boxe, prouve que Soral se cherche tout en gardant un certain équilibre. Il en a eu des expériences, et s’il se retrouve à tenir des propos dépassant la mesure, comme lorsqu’il s’en prend au « peuple élu » d’Israël, c’est uniquement par ce que lui, l’égalitaire idéologique, ne peut pas souffrir la différenciation quelle qu’elle soit. Il refusera de toutes ses forces la disparition de « Sa » France, celle qui doit « mettre à bas les tyrans », mais surtout celle qui lui permet de tout simplement exercer son métier. Il sent confusément que, dans l’avenir, les forces de destruction (des idéaux qu’il défend) peuvent gagner. Alors il se rebelle et se raccroche à n’importe quelle construction intellectuelle, surtout si elle l’avantage et lui permet d’espérer, mieux de créer une espérance nouvelle pour tous.

Las, j’adore ce genre de méditation transcendantale à vocation métapolitique, ce songe éveillé ressemblant à une quête initiatique, mais il y a la barrière du réel à laquelle se heurte Alain Soral et ceux qui le suivent.

Venons en à cette réalité et parlons techniquement politique maintenant. En fait, Le Pen n’avait pas d’autre choix que de tenter d’aller chercher ses voix à gauche. Sarkozy, qu’on le veuille ou non a réussi une partie de son pari d’aller reprendre des électeurs de droite à Le Pen. L’autre jour à Toulon, j’ai bien vu à la TV, que devant plus de 8.000 personnes, (ce qui doit être un exploit pour une ville comme Toulon), il s’affichait carrément Lepéniste. Et les spectateurs d’applaudir à tout rompre. Je pense que lorsqu’on analysera les résultats en profondeur après le 22 avril prochain, on s’apercevra que Sarkozy a pris quantité de voix à Le Pen. Alors, selon moi, Le Pen le savait et se devait de réagir en fin observateur de la vie publique depuis plus de 55 ans. Il est donc allé chercher ses voix à gauche. Logique. Il a donc mis de côté une dizaine de points clés du FN jugés trop à droite, voire réactionnaires, et il a donné des gages à la gauche, du moins à ses électeurs, sans compter ses appels du pieds aux « exclus » des banlieues, (gonflé Le Pen de parler de « quelques excités » quand tout le monde en a vu des milliers en 2005 sur toutes les antennes), comme aux abstentionnistes.

Cela va-t-il être suffisant ? A mon sens non, car il va se heurter à la réalité des racines politiques de notre pays. Sur la base de ses 20% (lui + Mégret) de 2002, il sait que Sarkozy va lui en prendre un certain nombre. Il sait également, par expérience, que, dans la dernière ligne droite, la campagne officielle masquera les défauts de De Villiers, comme elle montrera les réelles qualités d’un Dupont Aignan. L’effet Sarko + P2V + NDA, ça fait déjà quelques points en moins. Ca, Le Pen le sait très bien. Il a longtemps espéré une candidature Hulot, pour démolir la gauche, mais ce sera Bové et là ce n’est pas bon du tout pour Le Pen. Pourquoi ? Parce que Hulot c’était tout sauf un candidat anti-système. Bové, c’est l’image subliminale des paysans rebelles qui n’aiment pas qu’on les emmerde chez eux. C’est la « bonne chair » en opposition à la « mal bouffe ». C’est la campagne telle qu’elle aimerait rester et telle qu’on la rêve en banlieue. C’est le libertaire contre le liberticide, comme vous l’écrivez quelque part. C’est surtout quelqu’un qui marche sur les plates bandes de Soral et de son complice Dieudonné, dans leur volonté de présenter Le Pen comme l’homme qui fera tomber le système.

Ne nous y trompons pas, Bové prendra plus de voix à Le Pen que De Villiers, car les électrices et les électeurs que va lui prendre Bové sont de ceux qui ne regardent pas les émissions politiques, qui n’écoutent jamais les analystes, qui ne lisent pas les gazettes et surtout qui ne votent pas en fonction des étiquettes politiques mais seulement sur l’image qu’ils ont d’un candidat. Ceux-là ne savent pas et ne sauront jamais que Bové est de l’ultra gauche et ils s’en moquent. Le Pen sait tout cela j’en suis persuadé.

Ainsi, je pense que 4% pris par Sarkozy, 3% pris par Bové, 2% pris par Villiers, 1% pris par Dupont Aignan, cela donne au minimum 10%. Avec un score potentiel de 22 à 24%, cela donne un Le Pen « réel » entre 12 et 14% voire 15 mais ce sera dur.

En fait, on est partie pour en arriver à ce qu’une majorité de Français ne veut pas, à savoir un duel Ségolène Royal VS Nicolas Sarkozy au second tour de la Présidentielle. Avouons que ce serait quelque peu absurde que de voir gagner la France pour qui tout va bien quand tant de Français souffrent. Ceci dit le citoyen est libre et il se peut donc qu’avec une majorité de Françaises et de Français les rejetant, (abstentionnistes + tous les autres candidats), Ségo et Sarko se dispute le trophée, avec guère plus de 30% des inscrits. C’est tout à fait plausible. Je dirais même que c’est la tendance actuelle.

Reste l’inconnu, c'est-à-dire à quelle hauteur va se jouer le second tour. Là, ça dépend bien sur des fluctuations des candidats, mais surtout de François Bayrou et de José Bové, surtout dans leur capacité de prendre des voix, l’un (Bové) aux deux extrêmes de la classe politique tout en rognant sur le PS, l’autre (Bayrou) aux deux bords de chaque côté de centre, tout en rognant chez les anti-systèmes. Telle est leur mission. S’ils y parviennent, le second tour peut fort bien se jouer aux alentours de 16 à 17%.

CQFD. C’est donc à ce moment que j’en viens à vous et à vos critiques envers ce que vous appelez les « dérives de Le Pen ». L’alchimie électorale est souvent capricieuse, et comme une femme, elle ne se donne pas facilement. De tout ce que vous dites sur la situation de la « famille nationaliste », je vois un triple danger palpable et concret pour Jean Marie Le Pen. Ce qu’il a perdu, ce qu’il pourrait perdre et enfin ce qu’il aurait pu gagner. Ce qu’il a perdu ce sont les ultras. C’est peu mais au final ça peut compter si le second tour se joue à 100.000 voix près, (0,2 à 0,3% des voix). Ce qu’il pourrait perdre ce sont les identitaires et autres régionalistes, ainsi que les Catholiques Traditionalistes. Là, c’est déjà plus important, et ça peut faire, mélangé, entre 2 et 4% des voix, soit un battement de 1,5 à 2%. Enfin, ce qu’il aurait pu gagner, ce sont avant tout les citoyens qui en ont marre d’être déresponsabilisés par un état paternaliste et censeur, bref des gens qui en ont « ras le bol » des lois liberticides comme le suggérait récemment un quotidien. Là, on peut dire qu’il y a aussi du Robespierre chez Le Pen. Il y a en fait surtout du Breton tant il est têtu. Il se refuse à revenir sur les lois antitabac et anti-alcool, alors que les viticulteurs et les débitants de tabac sont des électeurs qui pourraient passer de son côté assez facilement. Alors qu’il défend les automobilistes qui ne lui sont évidemment pas garantis, alors qu’il défend la liberté d’expression qui, peut être, ne lui rapportera rien sur le plan électoral, il se refuse à voir venir à lui les centaines de milliers de voix potentielles que représentent celles et ceux qui en ont assez qu’on leur dise quoi faire et ou le faire. Le Pen défend le principe de « sécurité pour tous et partout », notamment pour celles et ceux souhaitant pouvoir sortir tranquillement le soir, mais il ne défend pas ce principe dans son corollaire qui est pourtant évident : Le système veut que les citoyens restent chez eux, fument chez eux, boivent chez eux. En défendant les libertés individuelles des Français de façon non sélective, Jean Marie Le Pen devenait de fait le candidat de la convivialité sociétale, et Soral aurait même pu théoriser là-dessus. Le Pen aurait par là même renouer avec une très ancienne tradition de la Droite Française qui a toujours opposé la responsabilité à l’assistanat. J’ai d’ailleurs entendu Marine Le Pen défendre (en théorie) ce propos, mais uniquement par des paroles, jamais par des actes programmatiques ou des effets d’annonces médiatiques. Assister les citoyens, ce n’est pas toujours en les aidants mais c’est aussi en les enchaînant, et responsabiliser les citoyens, ce n’est pas seulement en le leur faisant croire, mais bel et bien en agissant.

Si j’insiste sur ces trois points, c’est qu’entre ce qu’il a perdu, ce qu’il pourrait perdre et ce qu’il aurait pu gagner, à mon sens, Jean Marie Le Pen a perdu toute chance d’être présent au second tour de la Présidentielle. Alors certes beaucoup de choses peuvent encore se passer, mais il y a peu de chances que la donne change en profondeur. En fait, Le Pen est en train de se « Jospiniser » sans que les observateurs ne le voient. Il a manqué des voix marginales à Jospin pour être au second tour de la Présidentielle en 2002, il manquera des « marginaux » comme celles et ceux que vous représentez à Le Pen pour être présent au second tour de la Présidentielle en 2007. Un vieux principe électoral veut qu’au dernier moment l’électeur désire « retourner chez maman », à savoir chez « lui », mais encore faut-il lui en avoir donné envie, ce que n’a pas fait Jospin en 2002 et ce que ne fait pas Le Pen en 2007. Le vieil adage populaire qui affirme benoîtement que « chaque voix compte » va encore faire des ravages. Enfin, un antique proverbe politique dit que « la politique c'est l'illusion de la mesure ». A force de ne pas avoir mesuré l’ampleur du problème dans sa globalité, Jean Marie Le Pen court vers une très grande désillusion.

Dommage pour cet homme brillant dont je ne partage pas toutes les idées, comme avec vous d’ailleurs et c’est évident, mais il aurait réellement pu être la « divine » surprise de ce début de Millénaire et changer la donne en France, en Europe et dans le Monde. Au lieu de cela, il restera certes dans l’histoire, mais uniquement comme un très grand tribun. C’est déjà pas mal mais en deçà de ses possibilités comme de son talent. Peut être n’a-t-il pas assez travaillé ni mérité, mais je crois « basiquement » qu’il aurait dû se taire et ne rien dire du tout. Il aurait récolté, d’un côté, les fruits de 55 ans de carrière politique, un héritage hors pair, et de l’autre, il aurait touché les dividendes de 12 ans catastrophiques de gestion Chiraquienne, dont les cinq dernières années de néant absolu.

Si Le Pen n’avait rien dit, tout allait bien pour lui je pense, mais quand on opte pour l’avancée, surtout pour partie dans l’inconnu, on risque de se prendre les pieds dans le tapis et de mécontenter plus que de raison, de « désespérer tout le monde à commencer par son propre camp » comme j’ai pu le lire sur votre site. A partir du moment ou Le Pen lançait son « Union », il fallait qu’il la matérialise en faisant le grand écart entre les « identitaires », (qui, ceci dit en passant ont de l’avenir eux, avec la grave crise démographique qui s’annonce, mais c’est un autre débat quelque peu inextricable et apocalyptique), et Dieudonné, en passant par Alain Soral et Bruno Mégret. Il n’a ni pu ni su ni voulu y parvenir, ce sera probablement, toute chose analysée, la cause de sa perte en avril 2007. Je peux me tromper, mais je le vois bien troisième avec de très gros regrets à digérer. Il sera alors le énième échec de la « droite nationale », au lieu d’en être le « Messie ». A trop errer au soleil, on finit toujours par se brûler.

Après, et bien on aura la classe politique qu’on mérite, avec des médiocres évidemment. Ce seront les Besancenot à l’extrême gauche, les Voynet, Hollande et autre pour la gauche, les Sarkozy, Bayrou et Barouin pour la droite, et les Marine Le Pen pour l’extrême droite. Une page sera tournée et on atteindra le point de non retour dans la nullité de la représentation nationale. La France continuera à se lamenter de De Gaulle et vous les « Nationalistes », vous attendrez le nouvel « homme providentiel ».

Sacré Le Pen, il aurait pu réussir et il n’aura réussit qu’à se montrer. En fait sa carrière se résumera à ses trois mots : Il aurait pu ! »…


NDLR : PLUS QUE JAMAIS, PAS UNE VOIX PATRIOTE POUR JEAN MARIE LE PEN LE 22 AVRIL 2007. 100% NATIONALISTES ! 100% CONTRE LE PEN !

3 commentaires:

Anonyme a dit…

Waouh! Tout simplement génial cet article! Que des idées justes auxquelles j'avais pas pensé. C'est qui ce type qui écrit?
Franchement de mieux en mieux ce site... Mais quand vous aurez le temps pensez un peu au look vraiment terne LOL.
A+++ et bon courage Kiss

Anonyme a dit…

Bonjour,
A n'en pas douter ça va se passer comme ça. Le Pen est devenu complétement fou!

Anonyme a dit…

Moi je voterai Villiers. Il n'est pas pour le mariage des homosexuels comme l'a laissé sous tendre Marine et il ne conseille pas l'Iran sur la manière de faire un bombe nucléaire. Le Pen perdra pas mal de voix même s'il semble ne pas le croire.